Le Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF, 30 juin au 8 juillet) a dévoilé ce matin la programmation complète de sa 22e édition, la deuxième sous la direction générale et artistique de Pierre-Yves Walder. Riche et singulière, la sélection 2023 met à l’honneur 124 œuvres issues des 5 continents, pour un total de 44 pays représentés. Autant de visions cinématographiques qui dressent le panorama d’un genre en constante évolution et aux ramifications infinies.
Multiple, pluridisciplinaire et audacieuse, la programmation de la 22e édition du NIFFF est le reflet de la création fantastique contemporaine. Si elle fait la part belle à une relève engagée et créative (Amanda Nell Eu, Bishal Dutta, Sofia Alaoui, Just Philippot), la sélection rend également hommage à des figures incontournables qui ont façonné l’histoire du genre (John McTiernan, Katsuhito Ishii) tout en célébrant le retour de cinéastes qui ont fait les belles heures du festival (Jennifer Reeder, Christopher Smith, Lee Cronin, Ti West). En offrant la présidence du Jury international à la comédienne, autrice et scénariste Josiane Balasko, le NIFFF poursuit son exploration du fantastique sous des angles inattendus, prolongeant ainsi ce qui a été initié l’an dernier.
L’édition 2023 s’ouvrira vendredi 30 juin avec la première suisse de la comédie d’anticipation THE POD GENERATION de Sophie Barthes (BE/FR/UK, 2023) et se clôturera samedi 8 juillet avec la première internationale du très actuel et alarmant ACIDE de Just Philippot (FR, 2023). La sélection officielle présente 8 premières mondiales, 7 premières internationales, 4 premières européennes et 46 premières suisses. Le Jury international, composé de Josiane Balasko (FR), Veronika Franz (AT), Charles Burns (US), John McTiernan (US) et Olivier Babinet (FR) décernera le prestigieux Narcisse H.R. Giger (10’000 CHF doté par la Ville de Neuchâtel) lors de la cérémonie de clôture. Le meilleur court-métrage suisse se verra également récompensé de son Narcisse H.R. Giger, un prix doté de 10’000 CHF par la SSA et SUISSIMAGE.
INTERNATIONAL COMPETITION
La Compétition internationale explore la diversité des imaginaires contemporains, qu’ils soient géographiques, thématiques ou narratifs. Parmi les 14 longs-métrages présentés, près de la moitié est constituée de premières œuvres. Parmi elles, l’enragé TIGER STRIPES de Amanda Nell Eu, le mystique et apocalyptique ANIMALIA de Sofia Alaoui, et l’horrifique IT LIVES INSIDE de Bishal Dutta. La section accueille par ailleurs les films de cinéastes familier·ères du festival. Le public aura ainsi l’occasion de découvrir le manifeste féministe décapant de Jennifer Reeder (PERPETRATOR), l’horreur religieuse selon Christopher Smith (CONSECRATION) et le deuxième volet de la trilogie X de Ti West, avec une Mia Goth aussi terrifiante que touchante dans le rôle-titre (PEARL). Sont également attendus : l’anxiogène et brutal VINCENT DOIT MOURIR du Français Stéphan Castang et le thriller de science-fiction tchèque RESTORE POINT de Robert Hloz. Enfin, l’animation pour adultes est à l’honneur avec l’impressionnant WHITE PLASTIC SKY de Tibor Bánóczki & Sarolta Szabó, un récit d’anticipation aux accents écologiques et mélancoliques.
ASIAN COMPETITION
La compétition asiatique, pouls de la production de cinéma de genre, fera battre le cœur des festivalier·ères grâce à la diversité de ses propositions. La comédie sera au rendez-vous, bien qu’avec une pointe d’horreur, dans BHEDIYA (Amar Kaushik), film bollywoodien qui revisite le mythe du loup-garou, mais également dans le buddy movie fantastique taïwanais MARRY MY DEAD BODY (Cheng Wei-hao). La farce surréaliste et musicale de Corée du Sud KILLING ROMANCE (Lee Won-suk) promet des étincelles, tandis que l’animation onirique et fiévreuse du réalisateur chinois Tian Xiaopeng (DEEP SEA) annonce un voyage sous-marin tout en poésie. Pour les amateur·trices de noirceur, le coming-of-age horrifique philippin IN MY MOTHER’S SKIN (Kenneth Datagan) et le polar allégorique hongkongais MAD FATE (Soi Cheang) sont au programme. Finalement, la sélection compte deux premières marquantes : la première internationale de FROM THE END OF THE WORLD de Kazuaki Kiriya, le dernier film vertigineux et ambitieux du réalisateur de CASSHERN (2004), et la première européenne de l’explosif SHIN KAMEN RIDER (Anno Hideaki), autre revival d’un personnage culte des franchises tokusatsu de la Toei après SHIN GODZILLA (2016) et SHIN ULTRA MAN (2022).
THIRD KIND
En marge des sections compétitives, THIRD KIND explore la diversité des genres et la sélection 2023 promet de brouiller toutes les frontières. Des premières suisses en cascade rythmeront le festival, avec notamment le réalisateur Olivier Babinet (membre du Jury international) qui présentera son dernier long-métrage des plus sensibles (NORMALE). Le festival ouvre également une fenêtre aux productions du continent africain, généralement moins représentées, avec MAMI WATA, qui marque le retour au festival du cinéaste nigérian C.J. “Fiery” Obasi, et AUGURE, premier film de l’artiste belge d’origine congolaise Baloji. Très attendu, le 11e long-métrage du réalisateur sud-coréen Kim Jee-woon (COBWEB) est à l’affiche, aux côtés du thriller crépusculaire KENNEDY de l’Indien Anurag Kashyap, lui aussi de retour à Neuchâtel, et de L’ULTIMA NOTTE DI AMORE, une plongée aussi triste que brutale dans une Milan interlope signée Andrea Di Stefano. Enfin, SATTAR, curiosité d’Arabie Saoudite réalisée par Abdullah Al-Arak, suit les péripéties d’un agent d’assurances dont le rêve ultime est de devenir lutteur professionnel.
ULTRA MOVIES
Section de prédilection des amateur·trices de sensations fortes, ULTRA MOVIES convoque les propositions les plus extrêmes et radicales. Habitué du festival, le réalisateur Lee Cronin revient à Neuchâtel pour présenter EVIL DEAD RISE, cinquième film gorissime de l’incontournable franchise initiée par Sam Raimi. Avec FARANG, Xavier Gens propose un thriller intense et sanglant à l’intensité exponentielle, tandis que le maître indonésien de l’horreur, Joko Anwar, plonge ses personnages dans une maison digne d’un train fantôme dans SATAN’S SLAVES: COMMUNION. Dans l’étonnant slasher PENSIVE de Jonas Trukanas, une fête d’étudiant·es tourne au jeu de massacre dans la campagne lituanienne. Autre retour au festival, celui de Yamaguchi Junta, qui après BEYOND THE INFINITY TWO MINUTES (NIFFF 2021) s’amuse à nouveau des boucles temporelles dans le ludique RIVER, présenté en première internationale. Deux premières mondiales complètent la section : le sombre PANDEMONIUM (Quarxx) et l’angoissant DOUBLE BLIND (Ian Hunt-Duffy).
PROGRAMMES SPÉCIAUX
Lancé en 1984 sur la TSR, le Film de minuit a façonné la cinéphilie de nombreux·ses amateur·trices du genre. La sortie de l’ouvrage rétrospectif de l’auteur Julien Comelli est l’occasion pour le festival de célébrer ce programme avec la projection de deux titres qui ont fait les belles heures des noctambules du tube cathodique (THE SENTINEL, RETURN OF THE LIVING DEAD). Les fanatiques des classiques trouveront également leur bonheur dans la carte blanche à Dexter Maurer, illustrateur suisse, mais également dans les focus dédiés à John McTiernan et à Katushito Ishii. Finalement, FEMALE TROUBLE, programme rétrospectif sur les archétypes féminins dans le cinéma de genre, présente une vingtaine de titres et propose une table-ronde publique avec la réalisatrice espagnole Carlota Pereda qui présentera également PIGGY dans le cadre de la rétrospective.